Atelier privatisation des grands barrages

Animation : Philippe Lesage, Attac Savoie
Intervenant.e.s : Anne Debregas (EDF Recherche et Développement – Porte parole Sud Énergie)
Philippe André (EDF Prévisionniste Hydro Météo – Porte parole Sud Énergie)
Danielle Garcia (Chercheuse Recherche et Développement)

Présentation de l’atelier par Philippe Lesage :
Question importante pour la région, on connait un collectif Faisons barrage dans la zone d’Abbeville avec des syndicats, des gilets jaunes, des partis politiques et des citoyens. Il y a eu une manifestation le 26 juin 2019 au barrage de Roselend. Pour les contacter : faisons.barrage@protonmail.com et le site www.privatisation-barrages.fr

Trois boussoles

• Importance de détricoter les idées reçues pour être plus fort.e.s
Le présent atelier est un exemple de présentation-débat que les intervenants associent à la projection du film Barrage. Déjà 11 départements où ce type de rencontres ont pu se dérouler.
Les barrages sont payés par les Français.e.s, ils datent généralement d’une cinquantaine d’années, des familles ont été expropriées pour leur construction. Ils relèvent du patrimoine industriel. Les concessions sont fixées pour 30-40 ans.
Dans une directive de l’Union Européenne permet d’extraire de l’ouverture à la concurrence quand il y a un intérêt stratégique comme pour :
• Eau : bien commun partagé, va se raréfier (75% de l’eau douce est stockée dans les barrages français.
• Lumière : l’hydro-électricité serait le poumon du système électrique pour réguler et ainsi éviter les coupures.
• Sécurité : les vies des populations sont en jeu.

 L’eau est utilisée dans le tourisme, dans l’agriculture, pour refroidir les centrales nucléaires, la consommation des habitant.e.s et des industries. Or les quantités d’eau disponibles vont diminuer dans les décennies futures. On compte 420 barrages dont 150 ont leurs concessions qui arrivent à échéance en 2022, impliquant un risque de perte vers la concurrence.
Des études demandées par le ministère indique que d’ici 2050/2070, il y aura deux fois moins d’eau l’été, aujourd’hui, on estime déjà la perte à 300m3 par an et par habitant. Avec la hausse des températures on peut imaginer le gros risque de conflit avec la dimension d’intérêts privés. L’Espagne dispose de six fois plus d’eau stockée.
 Pour la lumière, les barrages sont utiles. Possibilité de faire tout fonctionner en même temps et quasi immédiatement, pour un équivalent à deux tranches nucléaires. Les centrales qui elles demandent un vrai temps au démarrage. Pour éviter les blackout, la consommation doit toujours être équivalente à la consommation, les barrages servent donc au maintien de cet équilibre. Le poids dans cette équation implique le fort risque d’une mise en concurrence. Par ailleurs l’impact écologique des barrages serait derrière nous (pour la construction au moins).
 Pour la sécurité, il y a toujours des risques d’incidents or on observe que l’année passée a rassemblé autant de problèmes que dans les deux décennies passées. EDF n’a plus d’intérêt à effectuer les travaux d’entretien si l’entreprise ignore qui en sera propriétaire prochainement.

On parle bien de 3 biens d’intérêt stratégique qui pourrait donc conduire à exclure les barrages d’une ouverture à la concurrence.
Pour la ville de Grenoble, on dénombre deux barrages environnant, leur rupture entrainerait une vague de 6 m présente en ¾ heure avec la présence de sites Seveso. Le problème est le même pour la région de Lyon.

Les trois rideaux de fumée qui sont mis en avant pour argumenter la mise en concurrence :

• Ce n’est pas une privatisation
• La concurrence est libre et non faussée
• EDF a failli par le passé

 Privatisation de la concession / exploitation, c’est pire que de la privatisation car récupérer gratuitement et l’État devra payer la maintenance absente pendant 30 ans.

 Impossible de parler de concurrence libre et non faussée pour le marché de l’électricité. Il n’est pas possible de mettre en concurrence les moyens de production ni le transport c’est simplement les abonnements.
En 2001, il a fallu créer un concurrent à EDF sur le Rhône : la Compagnie Nationale du Rhône, elle ne connait pas l’exploitation, ses agents sont payés pendant 4 ans par EDF. EDF représente 80%, la CNR : 19% et enfin CHEM : 1%.
En 2010, loi sur le marché de l’électricité, pas de privatisation centrale donc EDF a donné ¼ de sa production et après eux peuvent vendre. EDF vend 42 euros le mégawatt.

 Il y a eu un incident sur la Dordogne une nuit. EDF est défaillante en raison du nombre insuffisant de travaux.

Les mensonges énumérés :

• Ce n’est pas la France, c’est l’Europe qui impose
• Les prix vont baisser
• Cela va relancer l’investissement

 L’ensemble du secteur électrique a fait l’objet d’une directive en 1996. Il y a eu des mises en demeure face au poids considérable d’EDF sur le marché. Désormais l’entreprise représente toujours 80% ce qui semble déranger l’UE. Il y a eu une mise en demeure l’année passée. Or le gouvernement français rentre dans le jeu. EDF est devenu une entreprise anonyme alors qu’elle aurait pu rester public et ne pas rentrer dans le collimateur de la Commission européenne. La loi française facilite la privatisation, alors qu’EDF rassemble des intérêts stratégiques.
 Le prix ne devrait pas baisser mais plutôt augmenter. En effet, il y a beaucoup de coût d’investissement or ce n’est pas une priorité pour une entreprise qui cherche à maximiser son taux de rentabilité. Pour la gestion du parc électrique, la multiplication des acteurs risque d’entraver le système car chacun ne gère qu’un bout. Il risque d’y avoir des politiques de retenu pour faire monter les prix. On aurait une multiplication des services technique, juridique… Or les agents ayant une bonne connaissance seront les mêmes employés ne pouvant heureusement conduire à une baisse des salaires.
• Sur les différentes délégations de service vers le privé on observe une baisse globale de l’investissement, le marché génère du sous-investissement qui coûtera d’autant plus cher par la suite.