Ils détruisent le vivant
Cette année 2021 s’est terminée avec un accord criminel lors de la COP26. Les États les plus riches assument que leurs engagements conduiront à une hausse supérieure à 2.7°C, provoquant catastrophes, bouleversement des écosystèmes et déplacement de millions de personnes. Ils font le choix de sacrifier la justice climatique sur l’autel des profits et de l’accaparement des richesses par une minorité : les 10 % les plus riches de la planète ont pesé à eux seuls pour près de la moitié de toutes les émissions de dioxyde de carbone enregistrées en 2019.
Les multiples scandales d’évasion fiscale sont l’illustration que les riches font sécession par rapport au reste de l’humanité ; ils mobilisent des ressorts politiques autoritaires et racistes pour imposer leurs politiques, construisent des murs au sein de nos sociétés et sur les frontières : en cinq ans, les sept plus gros États émetteurs de gaz à effet de serre ont dépensé au moins deux fois plus d’argent pour militariser leurs frontières que pour lutter contre les dérèglements climatiques ! Les mêmes perpétuent des politiques impérialistes et poursuivent le pillage des ressources des pays du Sud.
La gestion de la crise sanitaire est la dernière illustration de ces politiques néolibérales et autoritaires. Le refus de la levée des brevets provoque un véritable apartheid vaccinal, qui aggrave l’inégalité d’accès aux soins. La gestion autoritaire de la crise, à l’instar de l’instauration du pass vaccinal, masque mal le manque d’investissement dans les politiques publiques. En faisant porter la responsabilité de la crise pandémique sur les seuls non-vacciné·es, Macron cherche à dissimuler les attaques contre les services publics et l’absence de réel investissement dans la santé publique. Son seul objectif : maintenir l’économie et les profits, au détriment de la santé des personnels. Il participe ainsi d’une dynamique néolibérale mondiale, qui, du Brésil à l’Inde en passant par l’Europe, casse les systèmes de solidarité et enrichit les classes les plus aisées.
Le projet Macron au service des plus riches
Le bilan de son quinquennat est particulièrement éloquent et marqué du sceau néolibéral. Dès son accession au pouvoir, Emmanuel Macron a en effet fait voter une série de mesures particulièrement emblématiques en faveur des riches, notamment en matière fiscale, ce qu’analyse Attac dans la note « Macron : dépôt de bilan fiscal ».
Emmanuel Macron prépare l’après 2022 sur les mêmes bases dans son programme de "stabilité budgétaire" qui se résume à faire pression sur les dépenses publiques, à affaiblir l’action publique et la protection sociale et à relancer le "travailler plus". Son projet France 2030 incarne une vision du monde d’avant : productivisme, relance du nucléaire, illusions technologiques..., alors que toute sa politique depuis 2017 a illustré son incapacité à changer de cap et à s’attaquer aux racines des problèmes sociaux et environnementaux.
De plus, nous ne pouvons rien attendre de la présidence française de l’Union Européenne, sinon le pire.
L’extrême droite plurielle : un danger mortel pour nos droits
A quelques mois de l’élection présidentielle, l’extrême droite apparaît sous différentes couleurs. Mais la rapide ascension d’Eric Zemmour ne saurait faire oublier ni le poids électoral du Rassemblement National ni les tendances réactionnaires qui traversent le champ politique.
Si Zemmour est bien une construction médiatique, ayant bénéficié d’une place de choix depuis de longues années dans la presse écrite, télévisuelle et radiophonique, il n’est pas seulement un phénomène médiatique, mais une possibilité pour les classes dominantes, une solution de rechange en cas d’épuisement du Macronisme qui ne soit pas identifié au RN et qui soit susceptible de rallier les électorats traditionnels de l’extrême droite et ceux de la droite dite « républicaine ». Economiquement et socialement, les extrêmes droites ne se différencient qu’à la marge des autres candidatures néolibérales : recul de l’âge de la retraite, baisse des impôts sur les bénéfices des sociétés, baisse des cotisations, chasse aux « assistés »,… lire la note « La justice fiscale version Rassemblement National. Tout un programme ».
Par ailleurs, au vu du développement des discours racistes et hostiles aux libertés publiques, on mesure l’influence réelle de l’extrême droite aujourd’hui. Dans un contexte où les brouillages idéologiques sont d’autant plus forts, où l’ordre et la répression sont des piliers des politiques gouvernementales, rien d’étonnant à ce que prospèrent les ennemis de la liberté.
L’extension et la diversification de l’extrême droite ainsi que son influence appellent des mobilisations d’ampleur dans lesquelles Attac prendra sa part. Mais la focalisation sur les candidat·es de l’extrême droite ne saurait suffire. D’une part, parce que les gouvernements actuel et passés portent leur part de responsabilité dans la montée des thématiques racistes, sécuritaires et antidémocratiques. D’autre part, parce que les mouvements sociaux, les mobilisations populaires doivent articuler résistance à ces projets réactionnaires et ouverture à d’autres possibles, pour la satisfaction des besoins sociaux et écologiques, pour la défense de nos droits collectifs et les libertés publiques, pour construire les alternatives nécessaires au néolibéralisme.
Avant et après les élections, des mobilisations plus que jamais nécessaires
Dans les mois qui viennent, le débat politique sera saturé par la campagne présidentielle. Comme à son habitude, Attac continuera de se mobiliser hors du champ partisan et à assumer son rôle de contre-pouvoir.
Du côté des mouvements sociaux, certains signaux autorisent à l’optimisme. Depuis plusieurs années, les mouvements féministes, antiracistes, pour la justice climatique parviennent à mobiliser régulièrement, et souvent assez massivement, pour laisser penser qu’ils sont portés par des tendances de fond. Les revendications salariales, que l’on croyait condamnées par la conjoncture économique défavorable aux travailleurs depuis plusieurs décennies, ont connu des regains récents et des succès grâce à la mobilisation des salarié·es en grève.
Si Attac ne soutient aucun parti politique ou candidat·e, nous entendons jouer un rôle utile pendant la campagne électorale. Le 19 janvier sera publié notre dernier ouvrage Macron, on fait le bilan qui dressera un bilan détaillé du quinquennat du "président des riches". Nous mettrons également en lumière les propositions des "candidat·es des inégalités", d’Emmanuel Macron à Eric Zemmour en passant par Valérie Pécresse ou Marine Le Pen.
Attac, en lien avec l’observatoire de la justice fiscale, expliquera en quoi il serait injuste et dangereux de repousser l’âge de départ à la retraite, de prétendre augmenter le pouvoir d’achat en réduisant les cotisations sociales, ou encore de réduire les droits de succession. Nous mènerons des actions pour populariser ces analyses et proposer aux citoyennes et citoyens d’agir dans leurs territoires.
Avec nos alliés de Plus Jamais ça, nous agirons pour une révolution écologique et sociale devenue plus qu’urgente face au "productivisme vert" des multinationales.
Nous nous joindrons aux mobilisations pour la justice climatique à l’occasion du nouveau rapport du GIEC fin février.
Nous participerons aux mobilisations féministes du 8 mars.
Nous poursuivrons notre participation à la campagne antiraciste "Notre pays s’appelle solidarité".
Aux côtés des organisations syndicales, nous soutiendrons les mobilisations de défense des services publics, en particulier dans la santé et l’éducation, pour l’augmentation des salaires et la redistribution des richesses.
Enfin, Attac prépare d’ores et déjà l’université d’été européenne des mouvements sociaux qui se tiendra du 17 au 21 août 2022 en Allemagne (Mönchengladbach - Bas Rhin).
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