Les Possibles Revue éditée à l’initiative du Conseil scientifique d’Attac

 
 

No. 29 Automne 2021

 
 
 
 
 

À Jean Tosti

par Jean-Marie Harribey
 
 
 
 
 

Dossier : L’Energie dans la transition écologique

Pour une histoire des symbioses énergétiques et matérielles

par Jean-Baptiste Fressoz

Avec l’urgence climatique, l’expression « transition énergétique » a acquis un tel prestige que les historiens en sont venus à l’employer pour décrire toutes sortes de processus, y compris ceux qui furent, à rigoureusement parler, des additions énergétiques. Le problème de la « transition énergétique » est qu’elle projette un passé qui n’existe pas sur un futur pour le moins fantomatique. Cet article propose une nouvelle façon d’aborder l’histoire de l’énergie en tant que dynamique d’accumulation symbiotique.

 

De l’évolution des émissions de gaz à effet de serre en temps de libéralisme mondialisé

par Pierre Masnière

« Y a quelque chose qui cloche là-dedans, j’y retourne immédiatement » (Boris Vian).

La croissance industrielle a été réalisée à partir d’une extraction /consommation croissante de charbon dans un premier temps, de dérivés du pétrole ensuite, utilisés comme combustible pour de multiples usages et dans le développement de l’industrie chimique ; la consommation de gaz naturel puis la combustion de biomasse dans des centrales produisant chaleur et électricité accompagnent le tout depuis les années 1950-60. Il s’en est suivi un accroissement d’émissions anthropiques de CO2.

 

Trois regards pour une transition De quelques leçons à tirer de trois scénarios de transition électrique : négaWatt 2017, Cired 2020 et Ademe 2020-2060

par Jacques Rigaudiat

De tous les scénarios existants de transition écologique appliquée à l’énergie électrique concernant la France, le scénario négaWatt est sans aucun doute le plus connu et le plus populaire auprès du public militant. Pour autant, il n’est pas seul. Il en va en particulier de ceux de l’Ademe, qui, depuis la publication en 2014 de la première étude d’ensemble «  Vers un mix électrique 100 % renouvelable en 2050 », s’inscrivent eux aussi dans une continuité. Enfin, tout récemment, un travail d’optimisation conduit au Cired est venu compléter les images qui peuvent être données de la transition électrique appliquée au mix français. Ils seront nos références.

 

La nécessité d’un service public de l’énergie sous contrôle citoyen

par Anne Debregeas

La crise climatique sans précédent que nous connaissons nous impose de revoir en profondeur nos modes de vie ainsi que l’ensemble de notre modèle de développement. À l’échelle mondiale, l’accord de Paris fixe un objectif de neutralité carbone en 2050 qui implique une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre (GES) ainsi qu’une compensation des émissions résiduelles par des puits de carbone (forêts, océans, techniques de restauration du climat, et de capture et stockage du carbone).

 

L’évolution du système électrique de l’UE : les majors en mode transition « raisonnée »

par Pierre Masnière

Le texte s’appuie généralement sur une compilation de données issues tant des statistiques annuelles de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) depuis le début des années 2000 que des rapports annuels d’activité des compagnies (annual reports), destinés avant tout aux actionnaires, mais, en fouillant bien, riches d’informations chiffrées concernant les activités de production, distribution et commercialisation en Europe et à l’« international ».

 

Les centrales photovoltaïques menacent-elles la forêt ?

par Isabelle Bourboulon

Raser des forêts qui sont des puits de carbone pour y installer des parcs photovoltaïques, c’est un des paradoxes de la transition énergétique à l’œuvre. Les opérateurs de la filière à la recherche d’espaces disponibles investissent en effet les départements ruraux du sud de la France. Enquête dans les Alpes de Haute-Provence, les Hautes-Alpes et la Drôme.

 

Produire de l’énergie renouvelable citoyenne n’est pas une sinécure

par Laurence Boubet

Ma prise de conscience de l’enjeu du dérèglement climatique a commencé dans les mois qui ont précédé la COP 15 en 2009 à Copenhague. La déception qui s’en est suivie m’a poussée à approfondir mes connaissances sur les questions énergétiques, parallèlement à mon engagement à Attac Mâcon et à réfléchir aux possibilités d’actions locales. En décembre 2012, j’ai créé avec des ami.es militant.es une association, l’APERL (association pour la production d’énergies renouvelables locales et citoyennes dans le Mâconnais), inspirée par les exemples de coopératives de production d’énergie en France et également ceux vus en Allemagne lors de l’université d’été européenne de Fribourg en 2011.

 

Le bitcoin, un instrument spéculatif énergivore

par Jean-Michel Servet

Dans le contexte de la crise de 2008-2009, l’avènement du bitcoin (Raymond, 2018) a pu séduire parce qu’il est produit et régi avec un logiciel libre (Lakomski-Laguerre, 2020, Rolland, Slim, 2017). Il est supposé donner le pouvoir à ses utilisateurs grâce à sa gestion par une technologie plutôt qu’à une puissance centralisée (État et Banque centrale d’une part, banques commerciales de l’autre)

 

Énergie : pour un service public des usagers et des salariés

par Jacqueline Balvet, Gilles Sabatier

Le gouvernement s’emploie à dépecer EDF sous pression de la Commission européenne qui exige la mise en concurrence de la totalité de la production électrique. EDF va devoir abandonner son monopole sur la vente de sa production, un monopole déjà bien écorché en 2000, puis en 2008, par la scission en trois branches : production, transport et réseau de distribution, puis en 2011, par une partie de sa production mise à disposition de la concurrence (dispositif ARENH).

 

Pour une réelle transition énergétique : Décroître vers la suffisance énergétique

par Jacqueline Balvet

« Passage d’un état à un autre, en général lent et graduel », c’est ainsi que Larousse définit la transition. Or, quand on parle de transition énergétique, il suffit de se replonger un peu dans l’histoire et l’évolution des sources d’énergie utilisées par l’homme pour voir que ce mot s’emploie trop souvent à contresens.

 
 
 

Débats

La réduction des inégalités salariales dans une visée sociale-écologique radicale

par Patrice Grevet

Résumé. Une note en trois points : six raisons de réduire les inégalités salariales dans une visée sociale-écologique radicale, quelques repères quantitatifs sur la hausse du Smic et son financement, les politiques publiques et les gestions d’entreprise réduisant les inégalités salariales.

 

La contribution de la femme à la construction d’un État de droit : le cas de la Côte d’Ivoire

par Marie N’Guettia

En Afrique, de façon générale, les femmes vivent dans des conditions, déplorables liées à leur marginalisation et à leur faible pouvoir économique qui fait qu’elles dépendent pour la plupart de leur époux, conséquence du système patriarcal dans lequel elles vivent. Aussi, pour les femmes, surtout en milieu rural, les pesanteurs culturelles, voire les lois coutumières sont discriminatoires.

 

Le capitalisme sans rival, à propos du dernier livre de Branko Milanovic

par Gilles Rotillon

Branko Milanovic est un économiste reconnu, ancien chef économiste à la Banque mondiale, (ce qui n’est pas nécessairement un titre propice à prendre ses analyses pour argent comptant), il s’est fait remarquer du grand public avec son livre Inégalités mondiales où il présente sa désormais fameuse courbe de l’éléphant, qui retrace l’évolution des niveaux de vie par fractiles de revenu et montre que les gagnants de la mondialisation sont les plus riches des riches. Il vient de publier un nouveau livre au titre un peu provocateur Le capitalisme sans rival, au moment où beaucoup parlent de la crise systémique où se serait enfoncé ce capitalisme que l’auteur trouve sans rival.

 

Recension du livre de Philippe Marchesin : La politique française de coopération. Je t’aide, moi non plus

par Adda Bekkouche

L’ouvrage de Philippe Marchesin, que je présente avec plaisir ici, devrait faire date, non pas dans les médias et auprès des institutions officielles, mais auprès des chercheurs et acteurs critiques de la coopération pour le développement. Intitulé La politique française de coopération. Je t’aide, moi non plus, cet ouvrage fait le point sur la coopération française pour le développement et l’aide apportée par la France durant la Ve République. Le moment de cette publication est d’autant mieux choisi que, quelques mois après, le 4 août 2021, la « loi de programmation sur le développement solidaire et la lutte contre les inégalités mondiales » était promulguée – étonnante coïncidence !

 

Commentaires de “En finir avec le capitalovirus, L’alternative est possible” de Jean-Marie Harribey

par Plihon Dominique

Les crises du capitalisme mondialisé se succèdent et s’enchaînent en ce premier quart du XXIe siècle, la crise sanitaire étant la plus récente, et sans doute pas la dernière, de cette série. En comprendre les ressorts profonds pour en sortir et bifurquer vers une société solidaire et écologique, telle est l’ambition de Jean-Marie Harribey dans son dernier ouvrage, En finir avec le capitalovirus, L’alternative est possible (Dunod, 2021).

 

Discussion avec Dominique Plihon au sujet de mon En finir avec le capitalovirus

par Jean-Marie Harribey

Je remercie beaucoup Dominique Plihon d’avoir lu et commenté mon dernier livre En finir avec le capitalovirus, L’alternative est possible (Dunod, 2021). D’autant que les points positifs qu’il souligne font effectivement partie de ceux que j’ai voulu mettre en évidence : la crise est une crise multidimensionnelle du capitalisme, à la fois sociale et écologique, le facteur du coronavirus se greffant sur celle-ci ; les questions du travail, de la répartition des revenus, de la promotion des biens communs et de la (re)socialisation de la monnaie sont alors les pistes privilégiées pour bâtir une stratégie capable de nous faire sortir de la logique capitaliste.

Mais Dominique Plihon exprime aussi une « réserve » et une « frustration ». C’est sur celles-là que s’amorce une discussion ouverte par sa critique.

 

Débat sur l’écosocialisme, Réponse à Claude Calame

par Daniel Tanuro

Le n° 26 de la revue Les Possibles comporte un article de Claude Calame intitulé « L’homme en société et ses relations techniques avec l’environnement : ni nature, ni Gaïa ». Dans ce texte, C. Calame cite mon ouvrage Trop tard pour être pessimistes, Écosocialisme ou effondrement (Textuel, 2020), dont il dit que les conclusions « se présentant comme écosocialistes » sont « d’autant plus décevantes » qu’elles sont tirées des « constats pertinents » de l’IGBP, du GIEC et de l’IPBES. Selon C. Calame, en effet, « toutes les mesures concrètes proposées » dans mon ouvrage « peuvent être réalisées dans le système économique et financier actuel ».

 
 
 

Introduction : Un été meurtrier… pour « le meilleur des mondes »

 
 

Sans crier gare non plus, Jean Tosti a tiré sa révérence au mois d’août. Cheville ouvrière de la revue Les Possibles, sur la forme et sur le fond, nous lui rendons hommage dans ce numéro et nous invitons à relire l’un de ses textes « Les accords commerciaux préférentiels dans l’histoire », dans lequel il met en perspective le développement des accords de libre-échange et celui du capitalisme depuis trois siècles. Une histoire déjà longue, jalonnée par les luttes des peuples pour se soustraire à la domination colonialiste ou néocolonialiste.

L’été a été également meurtrier parce que se sont accumulées catastrophes sur catastrophes : des inondations gigantesques en Europe (Allemagne, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, France), aux États-Unis et en Chine ; des méga-feux en Sibérie, en Scandinavie, dans les Balkans, etc. Les dérèglements écologiques, dont le dérèglement climatique, ne sont plus une menace, ils sont devenus une réalité de plus en plus violente. Le GIEC a publié les résultats de son premier groupe de travail : le réchauffement ira vraisemblablement bien au-delà de +2 °C dans quelques décennies [1]. De son côté, l’IPBES (Intergovernmental Platform on Biodiversity and Ecosystem Service) montre le lien entre la perte de biodiversité et le changement climatique [2].

L’été n’est pas encore achevé, mais on voit grossir les dangers futurs : les vaccins contre le coronavirus restent quasiment inaccessibles aux populations des pays du Sud (6,5 % seulement des Africains y ont eu accès) ; le peuple afghan et surtout les femmes afghanes sont entrés dans un tunnel de barbarie que les pays occidentaux, largement responsables du désastre, regardent, inconscients et impuissants. Le « réalisme » de la conflictualité inter-impérialiste, notamment entre les États-Unis et la Chine, prend le pas ici sur la protection des droits humains, là sur la mise à disposition des biens communs pour tous les humains.

L’urgence d’une transformation sociale, écologique et démocratique est désormais sur toutes les lèvres. Mais qu’en sera-t-il en réalité ? La réunion de la COP 26 à Glasgow en novembre prochain ne s’annonce guère différemment des précédentes, parce que les tergiversations gouvernementales dans le monde entier l’emportent sur les décisions courageuses, et parce que les grandes multinationales et les financiers se préoccupent davantage de transformer la nature en actifs financiers que de pratiquer des investissements de soutenabilité écologique [3]. Pendant ce temps, les économistes bien en cour glosent sur les « effets-prix » du marché pour sauver le climat [4].

L’urgence est devenue telle que nous consacrons le dossier de ce numéro à l’énergie et à la transition énergétique. Pour l’ouvrir, nous publions un article de Jean-Baptiste Fressoz, repris de la série Responsabilité & Environnement des Annales des Mines, avec l’autorisation des auteur et éditeur. Fressoz démythifie la notion de transition énergétique en montrant que le passage d’une énergie à une autre (bois, charbon, pétrole…) ne s’est jamais fait par substitution de l’une à l’autre mais par ajout cumulatif. Ainsi on peut concevoir une « histoire des symbioses énergétiques et matérielles ».

Après ce recadrage historique afin de changer notre regard sur ladite transition, le dossier se poursuit par plusieurs articles faisant un état des lieux du débat sur l’énergie. Pierre Masnière fait le bilan des données dont nous disposons pour mesurer l’évolution rapide de la concentration des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les mécanismes de marché mis en place après le Protocole de Kyoto (1997) n’ayant pas réussi à contenir ces émissions, la neutralité carbone en Europe risque donc de ne pas être atteinte en 2050.

Jacques Rigaudiat examine les trois scénarios de transition énergétique élaborés par négaWatt, l’Ademe et le Cired. Le premier est le plus connu, et Rigaudiat, tout en approuvant le projet de prioriser les énergies renouvelables, lui adresse au moins deux critiques fortes. La première est d’adopter des hypothèses technico-physiques trop optimistes, notamment en retenant une hypothèse de « facteur charge » surévalué (la même critique est adressée au Cired). Au fur et à mesure des scénarios actualisés par négaWatt, l’échéance d’abandon du nucléaire est restée fixée en 2035 alors que l’amorce de l’arrêt du nucléaire par le gouvernement est toujours repoussée. C’est ce qui explique que l’Ademe envisage cette échéance vers 2060. La deuxième critique adressée à négaWatt est de refuser d’évaluer le coût économique de la transition proposée.

Anne Debregeas reprend la question de la transition énergétique en France à la lumière (si l’on peut dire) des difficultés rencontrées par EDF pour s’y engager. Il faut remarquer que, entre les énormes investissements à réaliser et le gâchis provoqué par la « casse » du service public, la tâche est immense. La mise hors marché du secteur de l’énergie et de l’électricité en particulier est une condition sine qua non de la réussite d’une transition. D’où l’enjeu de la mise en débat citoyen des choix énergétiques.

Pierre Masnière élargit la question au niveau européen pour constater qu’« on a fait croire aux usagers devenus clients que la libre concurrence entre fournisseurs d’électricité allait faire baisser les prix et améliorer le fonctionnement du système. Ce n’était évidemment ni le cas, ni la préoccupation de ces compagnies qui ont avant tout le profit comme ligne d’horizon. » Et le tournant négocié par les « majors » vers les énergies renouvelables reste orienté dans cette direction.

Une enquête de terrain permet à Isabelle Bourboulon de pointer le paradoxe qu’il y a à raser des forêts qui sont des puits de carbone pour y installer des centrales solaires. C’est pourtant ce que, dans une logique purement financière, font actuellement les industriels de la filière à la recherche d’espaces moins coûteux que les ombrières ou toits de grandes surfaces. Et ce contre quoi s’insurgent de plus de plus de collectifs locaux de citoyens. Des citoyens qui, localement, décident de s’emparer des enjeux énergétiques en réalisant des centrales villageoises, en partenariat avec des collectivités locales. Avec néanmoins plusieurs obstacles à surmonter. C’est l’expérience que rapporte
Laurence Boubet, à l’initiative des Centrales villageoises Soleil Sud Bourgogne.

Jean-Michel Servet décortique minutieusement le phénomène « bitcoin ». Si cette crypto-(pseudo)-monnaie est bien un instrument spéculatif, elle est aussi énergivore. Le bitcoin ne peut porter en lui un stock de valeur tellement il est volatil et instable. Et « une différence essentielle entre un métal précieux et le bitcoin, une fois produit, est que le premier peut être conservé physiquement, en particulier personnellement. Il peut toujours redevenir matière première et être utilisé comme tel par les bijoutiers, par des dentistes ou certaines industries. Cela lui donne une valeur minimale, indépendamment de la confiance sociale et publique variable qui lui est accordée. À l’inverse, le bitcoin stocké et circulant entre des plateformes et portefeuilles ne redevient jamais électricité. »

Trois textes plus politiques dessinent enfin des orientations stratégiques en matière énergétique. Jacqueline Balvet et Gilles Sabatier actualisent une Note d’Attac de janvier 2021. Ils posent plusieurs questions que le débat politique et citoyen doit résoudre, notamment produire une énergie de façon centralisée ou décentralisée et comment organiser un service public de l’énergie au service des usagers et des salariés ?

Jacqueline Balvet soutient un projet « pour une réelle transition énergétique » qui signifierait « décroître vers la suffisance énergétique ». À rebours de la « transition verte capitaliste » qui consiste à produire toujours plus d’énergie. Il s’agit au contraire d’organiser une décroissance pour « une forme de vie plus saine, plus joyeuse et plus solidaire ».

Mais entre le temps de la dégradation planétaire et le moment de la vie joyeuse, comment s’intercale la transition ? Il est sûr que nous aurons à en reparler…

La partie « débats » de ce numéro des Possibles débute par une analyse de Patrice Grevet sur la nécessité de réduire les inégalités salariales dans une perspective « sociale-écologique radicale ». Il dénombre six raisons de le faire avant de dresser un état des lieux des inégalités et de proposer de nouvelles voies pour les politiques publiques.

Marie N’Guettia analyse la contribution des femmes à la construction d’un État de droit dans le cas de la Côte d’Ivoire. Il en ressort que les actions publiques en faveur de l’égalité homme-femme ne sont pas suffisantes. Le soutien aux initiatives prises de façon autonome par les femmes est indispensable.

Viennent ensuite plusieurs recensions d’ouvrages parus récemment. Gilles Rotillon rapporte sur le livre de Branko Milanovic, Le capitalisme sans rival. Et il doute de l’affirmation de Milanovic. D’abord parce que celui-ci ignore le concept de capitalisme (d’où son dénigrement de Marx). Ensuite parce que, après avoir supposé à juste titre que le capitalisme « transforme les êtres humains », il n’envisage pas un instant que l’humanité puisse imprimer un cours à sa propre histoire.

Adda Bekkouche recense le livre de Philippe Marchesin : La politique française de coopération. Je t’aide, moi non plus. Ce livre « fait le point sur la coopération française pour le développement et l’aide apportée par la France durant la Ve République ». Or, « la politique de coopération n’est guère porteuse d’aide, mais plutôt soucieuse de l’intérêt de la France ou, au mieux, d’échange, mais toujours en faisant primer l’intérêt de la France. » Et cela, quel que soit le président de la République depuis plusieurs décennies.

Dominique Plihon rend compte du dernier livre de Jean-Marie Harribey, En finir avec le capitalovirus. On n’est plus dans une perspective où le capitalisme est promis à l’éternité. Plihon approuve plusieurs éléments développés par l’auteur, notamment l’analyse de la crise endogène au système et son caractère non conjoncturel mais systémique, qui met au jour la place cruciale du travail pour porter la société. Mais Plihon exprime des commentaires critiques sur ce livre à propos des conséquences de la révolution numérique qu’il considère sous-estimées, et également à propos des pistes alternatives insuffisamment précisées à ses yeux.

Jean-Marie Harribey entame une discussion avec Dominique Plihon. D’abord pour préciser ce qu’il perçoit de majeur dans les répercussions prévisibles de la révolution numérique : de nouvelles formes d’exploitation de la force de travail et le développement d’un capitalisme de plateformes rentier. Il met en évidence les transformations du rapport de l’humanité à la nature [5] que la crise pandémique rend plus nécessaire que jamais, ainsi que celles du rapport à la science, chamboulé par cette crise. Mais on sort du domaine de l’économie pour aller sur celui de l’épistémologie des sciences et sur celui de la philosophie politique.

Enfin, Daniel Tanuro, économiste et militant belge, ayant pris un peu ombrage du commentaire peu amène que faisait de son travail Claude Calame dans un précédent numéro des Possibles, a demandé un droit de réponse, auquel il avait évidement droit.

La revue Les Possibles est publiée sans relâche depuis neuf ans. Il est temps de marquer un point d’étape pour dresser bilan et perspectives futures, avec l’ambition de contribuer à éviter « le meilleur des mondes » mortifère que nous promet le capitalisme avec une planète dévitalisée mais avec des « transhumains » super-performants. Nous organiserons prochainement une réunion dans ce but et nous vous préviendrons de sa date et de ses modalités, dès que possible, cela va de soi.

 
 

Numéro 29 - Automne 2021

 
 

Adresse
Attac, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris

Directeur de la publication
Jean-Marie Harribey

Secrétariat de la rédaction
Isabelle Bourboulon, Edgard Deffaud, Jean-Marie Harribey, Esther Jeffers, Éric Le Gall, Christiane Marty, Pascal Paquin, Dominique Plihon, Jean Tosti

Responsables techniques
Edgard Deffaud, Serge Gardien, Éric Le Gall, Pascal Paquin, Rémi Sergé, Valentin Drean

Comité éditorial
Sylvie Agard, Christophe Aguiton, Verveine Angeli, Paul Ariès, Geneviève Azam, Daniel Bachet, Jacques Berthelot, Catherine Bloch-London, Martine Boudet, Isabelle Bourboulon, Thierry Brugvin, Thierry Brun, Alain Caillé, Claude Calame, Christian Celdran, François Chesnais, Francoise Clement, Pierre Concialdi, Jacques Cossart, Annick Coupé, Thomas Coutrot, Christian Delarue, Vincent Drezet, Cédric Durand, Guillaume Duval, Mireille Fanon-Mendès-France, Daniel Faugeron, David Flacher, Fabrice Flipo, Pascal Franchet, Bernard Friot, Jean Gadrey, Susan George, Jérôme Gleizes, Gérard Gourguechon, André Grimaldi, Janette Habel, Nicolas Haeringer, Jean-Marie Harribey, Michel Husson, Esther Jeffers, Isaac Johsua, Pierre Khalfa, Serge Le Quéau, Frédéric Lemaire, Christiane Marty, Gus Massiah, Antoine Math, Dominique Méda, Georges Menahem, Pascal Paquin, René Passet, Évelyne Perrin, Dominique Plihon, Thierry Pouch, Daniel Rallet, Jean-Claude Salomon, Catherine Samary, Denis Sieffert, Vicky Skoumbi, Jean-Louis Sounes, Daniel Tanuro, Bruno Tinel, Michel Thomas, Jean Tosti, Éric Toussaint, Stéphanie Treillet, Aurélie Trouvé, Patrick Viveret

Contact avec la revue et soumission d’articles
Les propositions d’articles nouveaux ainsi que les contributions répondant à des textes publiés dans les numéros précédents de la revue doivent être adressées au secrétariat de la revue : revue-cs-secretariat@list.attac.org
La revue a noué un partenariat avec Mediapart à travers une « édition » créée sur son site. À chaque parution trimestrielle de la revue, un des articles sera mis en ligne sur Mediapart.

 
 
 

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