Campagne retraites 2019

Le Conseil d’administration d’Attac a décidé de faire de la mobilisation contre la réforme des retraites un temps fort de notre année 2019.

Contexte

Depuis 1993, les différentes réformes du système de retraite français ont ciblé le maintien de son équilibre financier à long terme. Ces nombreuses réformes n’ont pas touché à l’architecture du système de retraite (calcul des retraites de base par annuités et des retraites complémentaires par points) ni au principe de la répartition - les cotisations versées par les actifs au titre de l’assurance vieillesse sont immédiatement utilisées pour payer les pensions des retraités.

Toutefois, elles n’ont pas été conçues pour maintenir ou améliorer le niveau des pensions à moyen-long terme. Au contraire, la baisse programmée des pensions (indexation sur les prix au lieu des salaires, calcul sur les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures années pour les salariés du privé, allongement de la durée de cotisation, recul de l’âge légal de départ à la retraite…) a permis de réduire le déficit des régimes de retraite et du Fonds de solidarité vieillesse à seulement 1 milliard d’euros en 2017. D’ailleurs, dans son programme de campagne, Emmanuel Macron soulignait que « le problème des retraites n’est plus un problème de financement ».

Le gouvernement a beau jurer qu’il ne modifiera pas l’âge légal de 62 ans où l’on peut faire valoir ses droits à la retraite, il est très probable qu’il introduise des mesures régressives, dites ajustement paramétriques, dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) voté à l’automne, pour “inciter les gens à travailler plus longtemps" : l’instauration d’un « âge-pivot » ou « âge d’équilibre », sans doute de 64 ans, peut-être plus si le Medef met la pression, avant lequel un abattement important serait appliqué, l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation exigée pour la pension à taux plein et/ou le durcissement de la décote actuelle. Avec comme seul argument : nous travaillons moins que nos voisins. Cet argument relève du bobard, ou, plus exactement, de la fausse information.

Alors pourquoi réformer le système de retraite ?
L’argument avancé est que les Français, notamment les jeunes, n’ont plus confiance dans notre système de retraite trop complexe et injuste, d’où l’idée de mettre en place « un système universel, juste et transparent »… Si la perte de crédibilité, en effet, est réelle, elle résulte du constat de la baisse continuelle des pensions organisée précisément par les réformes successives ! Celles et ceux qui le peuvent sont alors incités à se tourner vers des assurances privées complémentaires, ce qui est l’objectif de fond de ces réformes.
La solution Macron de passer à une « retraite par points » représente un changement fondamental de notre système de retraite qui devient essentiellement contributif (alignement des pensions sur les cotisations versées), donc individualiste, et relègue la solidarité à un rôle marginal.
« Pour une retraite plus simple et plus juste pour tous » tel est le slogan du site du Haut-Commissaire à la réforme des retraites … mais la loi travail Macron 2017 devait apporter « plus de liberté, plus de protection et plus d’égalité des chances » et la réalité est toute autre…

Comment faire avaler cette réforme des retraites qui serait impopulaire si elle était comprise : en racontant des bobards ! Il nous faut donc les déconstruire.

Quel rôle pour Attac dans cette mobilisation ?

L’avantage pour nous est que cette réforme des retraites est une des plus risquées pour Macron. Il souhaite pourtant la voir mise en œuvre avant la fin 2019 contrairement à Delevoye qui souhaite le report de la réforme systémique au premier trimestre 2020. Ceci afin de faire précéder cette réforme par des mesures inscrites dans le Plfss 2020 et ayant un impact immédiat sur les finances publiques : âge pivot, accélération de l’allongement de la durée de cotisation...
Si cela se confirme, Macron reviendrait sur deux de ses promesses : ne pas toucher à l’âge de départ, pas d’application avant 2025.
Après les élections européennes, le gouvernement maintient son cap autoritaire et antisocial. Attac a plus que jamais un rôle à jouer dans le débat public. Elle peut proposer son expertise, ses alternatives, ses campagnes, favoriser les liens entre mouvements sociaux avec des objectifs de luttes et de mobilisations sociales.
Le travail d’analyse et d’éducation populaire d’Attac est central. Quand Macron annonce dans la campagne présidentielle une « réforme systémique » des retraites, c’est pour développer une image positive d’une réforme « juste, transparente, simple, lisible » avec des slogans « un euro cotisé donnera les mêmes droits », « un système unique où tout le monde se retrouvera,... ». Il s’agit de redonner confiance, notamment aux jeunes, dans le système de retraite qui est en grande partie- volontairement- décrédibilisé : « on n’aura pas de retraite ».
Il faut déjà déconstruire cette manœuvre qui prétend s’appuyer sur des réalités et surtout sur l’idéologie d’une épargne individuelle et de choix personnels qui peut trouver un écho dans l’opinion.
Avec les « réformes structurelles » successives conduites avec brutalité et une politique ouvertement inégalitaire, l’image de Macron a été dégradée principalement avec le mouvement des Gilets jaunes, et l’effondrement de l’image politiquement construite de « retraités privilégiés ». Dès lors, la « réforme systémique » est clairement perçue comme une menace. C’est un point d’appui pour nous : l’idée que cette réforme est faite pour baisser les pensions et accroître les inégalités ne fait plus guère de doute.
Le mouvement des Gilets jaunes a porté en partie la question du pouvoir d’achat des retraitées. Cela peut être un appui pour les CL où des liens existent. Trois thématiques peuvent structurer la campagne :
1) l’impact de la réforme sur les pensions : en plafonnant les dépenses à 14 % du PIB, on programme la baisse du niveau de toutes les pensions ; et en prenant en compte toute la carrière, on programme plus particulièrement la baisse des pensions des personnes aux carrières heurtées ou courtes (notamment les femmes) ;
2) la baisse de la part des mécanismes de solidarité (chômage, maladie, maternité, etc.) dans les régimes par points ;
3) l’impact sur les inégalités de genre : la prise en compte de la carrière entière et la plus faible part de solidarité font mécaniquement baisser les pensions des femmes… alors que Macron avait déclaré l’égalité entre les femmes et les hommes cause majeure de son quinquennat !
Attac peut aussi jouer un rôle de catalyseur. D’autant que les choses s’annoncent compliquées du côté de l’intersyndicale. La CFDT n’est pas opposée au principe de cette réforme (bien qu’opposée à tout recul de l’âge de départ) et les discussions entre les organisations qui s’y opposent tardent à se concrétiser.

Organisation

Animation de la campagne

La campagne est animée par l’espace TSPS, en lien avec le CA.
Coté équipe, Alexis Chaussalet joue un rôle d’appui à la coordination de la mobilisation. Le niveau d’implication de l’équipe pourra évoluer en fonction du calendrier définitif, des autres campagnes menées par d’Attac et de la réalité de la mobilisation, notamment syndicale.
Par ailleurs, il faudra s’assurer qu’un lien régulier puisse être établi entre les syndicats et Attac via notamment les représentants au bureau et au CA des membres fondateurs.

Calendrier

Mi-juillet : Rapport Delevoye (Haut commissaire à la réforme des retraites)
Septembre : projet de loi présenté en Conseil des ministres
Octobre : discussion au Parlement
Fin année 2019 : vote de la loi

Même si le gouvernement entretient le flou sur les dates ci-dessus, mobilisons-nous au plus vite contre cette réforme qui va baisser les pensions et accroître les inégalités.
Les femmes, les précaires, les jeunes, de nombreux fonctionnaires seront les premières victimes !
Inscrivons dès à présent cette campagne dans l’agenda des comités locaux !

Notre Agenda à venir

Juin
avant le 30 juin : envoi de cette note de campagne aux comités locaux
avant le 30 juin : validation des outils de campagne
Juillet / Août
mise en ligne progressive des fiches de décryptage
mise en ligne progressive des matériels de campagne
19 - 26 août : Contre-G7
Septembre
Message d’appel à mobilisations sur la grande liste sympathisantes

Outils et actions

Espace dédié sur vie interne
Espace dédié sur le site france.attac.org (avec petit guide, tract, bd, saynète, tribunes, …)
Il reste à rédiger les fiches techniques sur les derniers arbitrages connus au moment de la publication du rapport Delevoye :
décote entre 62 et 64 ans, surcote après 64 ans, reconstitution des carrières pour les salariés du public, quel coefficient de conversion sera appliqué pour transformer les points en euros au moment de l’ouverture des droits à la retraite ? Ces fiches techniques seront mises en ligne sur le site d’Attac et relayées sur les réseaux sociaux.
En projet : un autocollant.
Le travail de formation a commencé depuis l’Université d’été de Grenoble et s’est poursuivi aux CNCL de novembre et de mars, à partir du matériel militant déjà prêt (petit guide et tract sous forme de BD).

Réunions publiques : elles ont déjà commencé à l’initiative des comités locaux. Ces derniers sont incités à les multiplier en écrivant à retraites2019@attac.org.
Intervenant-e-s : Christiane Marty, Evelyne Dourille-Feer, Rozenn Perrot (pour le grand ouest), Daniel Rallet, Jean-Marie Harribey.

Grâce à ce matériel et aux actions de formation, une pré-campagne a pu commencer.
Il faut maintenant donner la plus grande visibilité à la mobilisation d’Attac pour défendre le système de retraite !
Vidéos et médias
Prévoir pour la rentrée de septembre une tribune collective à publier dans un média national.
Prévoir pour la rentrée de septembre une série de courtes vidéos pour décrypter le projet de réforme des retraites.